Les gouttes d’inspiration : Au fil des saisons, au fil des balades, cette « brève » est l’occasion de partager avec vous une réflexion inspirée par la nature et l’énergie du vivant.
Je sors pour ma première tournée du jardin de la journée. Il a plu hier et l’humidité recouvre encore le sol.
Pendant la nuit, des petites taches blanches et brunes ont surgi et parsèment tout le terrain : sur les bottes de paille, les rondins de bois des buttes de légumes, dans l’herbe. De petits champignons qui s’éparpillent dans tout le jardin, comme les membres d’une famille qui décident d’explorer un nouveau terrain de jeu.
Et une grande famille, c’est bien ce qu’ils sont : ce que je vois ne sont que les productions aériennes et temporaires d’un appareil végétatif souterrain qui peut s’étendre sur plusieurs mètres carrés, le mycélium.
Cet ensemble de filaments a un rôle incroyablement important dans l’écosystème du jardin : il connecte différents végétaux en formant une association symbiotique avec leurs racines et créé ainsi un véritable réseau de plantes, appelé réseau mycorhizien. Le mycélium reçoit des sucres produit par les plantes ; en échange, il augmente leur efficacité d’absorption d’eau et de nutriments.
Mais surtout, il sert d’intermédiaire à des échanges de nutriments, par exemple de carbone, entre des végétaux – qui n’appartiennent pas forcément à la même espèce !
Il permet aux autres plantes de se compléter en fonction de leurs compétences et de répartir les ressources nécessaires à la croissance de chacun. Celui qui est en condition favorable (lumière, milieu nutritif…) peut ainsi encourager la croissance de celui en condition défavorable. Et recevoir la pareille lorsque les conditions changent !
La communauté végétale créée par le mycélium est solidaire et ses membres se soutiennent entre eux. C’est ce qui permet à chacun de vivre bien mieux que par lui-même.
Certains scientifiques comparent ces réseaux à un « wood-wide web », un internet végétal. Comme pour notre internet, ses possibilités sont encore inexplorées, mais il ne fait pas de doute que ses ressources sont précieuses.
Le mycélium est aussi très résistant : en conditions défavorables (froid, sécheresse), il peut se mettre au repos plusieurs mois ou plusieurs années avant de reprendre sa croissance.
Plus encore, il n’a pas qu’un rôle de réseau : il protège l’écosystème en général. D’abord en retenant les sols – jusqu’à 30 000 fois sa masse ! -, ce qui ralentit l’érosion. Il porte tout l’environnement sur son dos. Et il en profite de son côté, puisque cela lui permet de continuer sa croissance. Ensuite, c’est un super-décompositeur qui transforme toutes les matières organiques en humus. Enfin, il produit des antibiotiques qui protègent l’écosystème contre le développement d’agents pathogènes.
Le mycélium connecte les individus tout en protégeant la globalité. Et c’est ce qui lui permet de vivre et de grandir !
Et vous, dans vos échanges avec vos différents cercles, qui sont vos mycéliums et de qui êtes-vous le mycélium ?
Marie-France Fourrier