Pour certains d’entre nous, l’absence de contact direct avec la nature est particulièrement douloureuse à vivre : le besoin de terre, et le besoin d’arbres se font particulièrement ressentir.
Le contact d’une écorce rugueuse sous les doigts, le bruit d’une brise dans les branches. Un sentiment de connivence, de proximité. Une grande inspiration, et nous voilà calmes, apaisés.
D’où vient que certains d’entre nous se sentent si bien en présence des arbres ?
Des souvenirs d’enfance, peut-être – d’avoir joué à cache-cache dissimulé derrière un tronc, le cœur battant, ou d’avoir grimpé à leurs branches. Ou peut-être simplement la conscience qu’ils sont les poumons de notre planète. Au sens écologique, bien sûr, mais aussi symbolique.
Comme nous, les arbres sont des êtres sociaux. Qu’ils grandissent isolés ou au milieu d’une forêt, ils sont au cœur d’un réseau, en symbiose avec leur espèce et la biosphère. Ils communiquent entre eux, se répandent dans de nouveaux espaces, parfois s’affrontent pour un rayon de lumière. Ils offrent un abri à d’autres plantes et animaux et profitent de leur présence en retour. Via le processus de la photosynthèse, ils s’appuient sur des mycorhizes pour synthétiser l’énergie lumineuse et fabriquer des sucres, comme expliqué dans une goutte d’inspiration précédente (à relire ici).
Et le cycle se poursuit jusqu’à nous, lorsque nous assimilons l’énergie des plantes en les consommant.
Les arbres nous arriment à la nature. Ils absorbent la lumière du soleil ; pourtant, leurs racines plongent dans la terre, dans l’obscurité. Ombre et lumière.
Entre élancement vers le ciel et lien à la terre, l’arbre répare l’unité perdue. Il ancre dans le réel et le vivant. Dans les rêves et l’imagination.
Ils maintiennent l’équilibre et harmonisent un balancement précieux. Produisent de l’oxygène et absorbent du dioxyde de carbone, là où nous consommons l’oxygène et rejetons CO2. A leurs feuilles vertes et leur sève froide répond notre sang rouge et chaud.
Ils donnent aussi une forme physique à notre intériorité. La taille du tronc indique l’histoire de vie de l’arbre, ses cercles concentriques comme autant de moments qui ont construit notre expérience, année après année. Les fruits et les feuilles sont ceux que nous souhaitons faire pousser pour les offrir au monde, réjouir ceux qui nous sont chers et faire féconder nos réseaux. Même l’incroyable diversité des espèces reflète celle des hommes – quand vous pensez « arbre », lequel vous vient à l’esprit ? A quoi pensent vos proches, vos voisins, une personne de l’autre côté de la terre ?
Arbre, grand frère, entité tutélaire et bienveillante auprès duquel nous nous réfugions pour méditer, lire, rêver, dormir, respirer.
Arbre dont l’ombre nous protège et nous rafraichit lors des canicules.
Arbre qui nous fait rêver, couchés sous ses branches, à regarder la façon dont la lumière se faufile dans les feuilles, illumine les teintes de vert.
Arbre complice allié fidèle et constant. Digne de notre respect.
Et vous, comment vous sentez-vous liés aux arbres ?
Marie-France Fourrier