Au fil du temps, le Jardin a accueilli plusieurs projets avec des enfants et des adolescents : photographier les « petits mondes », par exemple les mousses sur les murs, les plantes entre deux pavés… ; adopter un petit coin de nature et l’observer au cours des saisons ; ou encore regarder quelles plantes poussent les unes avec les autres, et lesquelles hébergent certains insectes.
Les enfants explorent le Jardin, s’imprègnent et s’émerveillent de ce qu’ils voient. Et nous, adultes, nous émerveillons avec eux.
Joie et créativité.
La nature encourage la curiosité d’esprit que le quotidien tend à nous faire perdre – peu importe notre âge. Elle incite à aller au contact, par le toucher, l’odorat, voire le goût.
Elle s’offre à nous sous une multitude d’aspects, qui font le bonheur des enfants en permettant d’adapter les découvertes aux intérêts de chacun : l’un d’entre eux aime la cuisine ? C’est l’occasion d’explorer les propriétés culinaires de chaque plante et les cuisines traditionnelles dans lesquelles elle est utilisée. Un autre se rêve en archéologue ? Il aimera certainement découvrir la composition des sols et leurs effets sur l’environnement (ou un hypothétique trésor !).
Le Jardin offre aussi un cadre où l’enfant peut participer activement et prendre – à son échelle – des responsabilités, répondre à des défis, et donc observer ses progrès, par exemple en documentant un coin de verdure et son évolution.
S’approprier les savoirs, plutôt que les recevoir passivement, les transformer et les réinventer : chacun à sa manière, sans tenter de rentrer dans un cadre qui ne convient à personne en voulant être adaptés à tous. Apprendre à dire : pourquoi ? comment ?
Surtout, l’apprentissage est mutuel. Entre les enfants tout d’abord : découvrir la coopération en observant des symbioses, par exemple entre mycélium et mycorhize, et la mettre en pratique en travaillant en groupe vers un but commun. Appréhender les corridors d’échanges vitaux entre îlots de biodiversité et comprendre que les connaissances circulent de la même manière. Replacer le « petit monde » dans le grand, prendre conscience de ce qui nous relie et de la nécessité de préserver notre planète.
Entre enfants et adultes, ensuite. Regarder des enfants s’extasier d’une chenille ou d’une fourmilière est un merveilleux moyen de trouver ou retrouver notre gratitude botanique, c’est-à-dire dépasser notre inattention à l’égard des plantes, cesser de les considérer comme une simple toile de fond pour redécouvrir ce qu’elles ont à nous apprendre. Ils nous poussent aussi à nous interroger : cet aspect de notre mode de vie qui nous paraît si évident, parce que nous le pratiquons depuis des années, est-il vraiment pertinent ? Est-il bénéfique pour nous-même, nos proches et notre environnement ? Et nous retournions en enfance, quel monde aimerions-nous inventer ?
Alors que la situation sanitaire a mis le Jardin en pause, les enfants nous rappellent d’ouvrir les yeux et de nous arrêter un instant, le temps d’observer nos petits mondes.
Et vous, comment partagez-vous vos émerveillements ?
Marie-France Fourrier