Aujourd’hui, la pluie tombe sur le jardin comme sur une bonne partie de la France. Les gouttes voyagent, tombent du ciel pour venir nourrir la terre et les plantes.
Ce n’est pas un hasard si l’eau est associée à la vie dans la plupart des cultures : elle est présente partout – dans notre corps, dans toute matière organique, et même sur Mars. Elle reflète aussi son environnement, en changeant d’état avec les variations de température et de pression.
De la même manière que chaque individu occupe l’espace où il évolue d’une manière différente, les comportements de l’eau varient selon son état : l’eau liquide est incapable de tenir en place tant qu’elle ne se situe pas dans un environnement adapté, un contenant qui la retient. Plus encore, la vapeur est voyageuse, à moins de se retrouver dans un espace fermé. La glace, enfin, est immobile à moins d’un séisme assez puissant pour la déloger ; dans ces moments-là, elle dégage une force immense, comme les mouvements des glaciers.
Si elle a un nombre déterminé d’états possibles – trois -, elle peut passer par des variations infinies dans sa forme.
L’eau est avant tout un élément mobile et transitoire, capable de s’adapter ; de fondre sous une élévation de température pour se placer dans un nouvel espace et redevenir solide sous une autre forme.
Pour autant, l’eau est souvent sous-estimée. Les eaux souterraines sont cachées à la vue, comme des ressources intérieures dont nous n’avons pas toujours consciences – chez nous et chez les autres. Parfois, elles finissent par surgir, comme une source qui apparaît brièvement avant de retourner sous terre.
Parce que l’eau est toujours en mouvement : elle se déplace avec les marées, en suivant le rythme du flux et du reflux. L’important est alors de l’attirer à nous pour la faire surgir au bon moment.
Même les eaux paisibles dissimulent des courants ou, tout simplement, le mouvement de la vie, qu’elle soit animale, végétale, ou même microscopique. Et lorsque cette agitation est invisible à la vue, l’eau se mue en miroir. C’est alors le reflet de notre propre vie qu’elle renvoie ; parfois fidèle, parfois déformé par les ondes sous la surface.
Alors que le début d’année est souvent considéré comme le moment du changement, de la transformation, l’eau calme nous invite à prendre un temps de réflexion.
Voir quels miroirs nous renvoient une image exacte et lesquels sont trompeurs, et réfléchir aux nouvelles formes que nous pouvons et que nous souhaitons prendre. Même le potentiel destructeur de l’eau, par exemple sous forme de déluge, nous permet de revenir sur les éléments qui nous soutiennent dans les périodes difficiles. Quelle est mon arche de Noé ? Qu’est-ce qui me permet de garder la tête hors de l’eau ?
Et vous, quelles formes prenez-vous ? Quelles sont vos transformations ?
Marie-France Fourrier