Alors que j’observe le Jardin des Déesses entrer dans l’automne, je suis frappée par sa simplicité : il n’a besoin d’aucun matériel compliqué ou artificiel. Plus encore, il produit lui-même une grande partie de ce dont il a besoin, parfois avec un petit coup de main de la jardinière.
Un tas de feuilles sert d’abri pour les insectes et les hérissons l’hiver.
Les orties sont transformées en purin qui servira d’engrais.
La matière se transforme grâce à la symbiose entre les habitants du Jardin : les insectes dégradent les feuilles qui se métamorphosent en humus, où pousseront de nouveaux arbres.
De même, l’intervention de la jardinière se fait avec des matériaux simples, de la vie de tous les jours, de sorte que le quotidien s’insère dans le cycle de la nature. Des piques de brochettes servent de tuteurs pour les fraises, les pommes pourries et le vieux bois partent dans les buttes, les grosses branches débitées en tronçons permettent de tracer les contours des semis d’aromatiques, les vivaces “envahissantes” sont transformées en mulch ou en paillage de surface, voire en mini serre verte pour celles qui grimpent (liserons …). Sous la paille ou dans le lombricomposteur, la matière organique et le carton ne sont plus des déchets mais des ressources.
Bonheur de voir ce dont je n’ai pas l’utilité se métamorphoser en terre à l’odeur de sous-bois. De recycler pour enraciner ma vie dans mon environnement.
Et pourtant, je constate que mon mode de vie et de consommation continue à produire des déchets non recyclables, exclus de cette harmonie.
Qui consomment des ressources sans rien apporter à la Terre en retour à la fin de leur vie. Qui, au contraire, la polluent en s’accumulant à sa surface ou dans son atmosphère.
91% du plastique produit dans le monde n’est pas recyclé.
9 milliards de tonnes de tonnes de plastique ont été produites depuis 1950.
Dans l’océan Pacifique, une décharge flottante, le « septième continent », s’étend sur 1,6 millions de kilomètres carrés, soit 3 fois la France.
Comment aller plus loin
Je m’interroge. Individuellement, je peux changer certaines de mes habitudes :
– Acheter mieux (en vrac, local, d’occasion…) et réutiliser le plus possible
– Eviter les objets à usage unique
– Refuser ce dont je n’ai pas l’utilité et qui finira à la poubelle (prospectus, objets publicitaires…)
Recycler, oui, mais aussi découvrir le plaisir de désencombrer nos vies. Comme le plastique qui s’accumule dans l’océan, notre espace est surchargé d’objets.
Je suis impressionnée par l’engagement et le volontarisme de beaucoup de jeunes étudiants autour de moi, qui n’hésitent pas à intégrer des contraintes supplémentaires pour apporter leur pierre à l’édifice : acheter son lait dans des bouteilles en verre, la viande et le fromage enveloppés dans du papier, faire ses propres yaourts, toujours prendre avec soi une gourde réutilisable…
Les stratégies sont variées, à chacun.e de choisir celle qui lui convient.
– Radicale : passer au zéro plastique
– Collective : challenge collectif sur un sujet précis*
– Graduelle et soutenue : sur un mois, choisir une habitude à rendre plus vertueuse.
Progressivement, les petits réflexes s’accumulent, jusqu’à changer le paradigme : « If you can’t reuse it, refuse it ».
Et vous, quelles sont les habitudes que vous cherchez à changer ?
Marie-France Fourrier
Permacultrice du vivant
*par exemple avec la plate forme WAG “We Act for Good” de WWF