Gloutonnes chenilles

Gloutonnes chenilles

Les gouttes d’inspiration : Au fil des saisons, au fil des balades, cette « brève » est l’occasion de partager avec vous une réflexion inspirée par la nature et l’énergie du vivant.

Je regarde grandir de jour en jour avec joie mon pied de capucines «pilote ». Issu d’une soigneuse sélection de graines au fil des ans, il est particulièrement florifère, peu gourmand en eau, et a merveilleusement résisté à la sécheresse cette année

Aujourd’hui il forme un camaieu de fleurs orangées de 2 mètres de haut sur plus de 3 mètres de long … et continue à grandir malgré les nuits qui fraîchissent.

Mais, un matin, alors je l’admire de plus près, enfer et damnation, je vois une …non deux … non trois … non plus de dix chenilles rotondes et voraces qui sont en train de boulotter les feuilles avec un bel appétit.

Argggh mon précieux pied de capucines …

Et elles mangent à une vitesse effrayante, ces chenilles.

Chomp chomp chomp, une feuille. Pause digestion. Rapide la pause ! Et c’est reparti, elles renouent leur serviette autour de leur cou (leur cou ?) et se remettent à table. Malgré l’abondance, je vois littéralement des pans entiers de feuilles fondre sous mes yeux en une demi-journée.

Oui mais … j’aime voir les papillons enchanter le jardin de leur errances désinvoltes et poétiques

Alors lequel est le plus beau à mes yeux : le papillon ou la capucine ?

Choix cornélien. Esthétique contre esthétique. Pas évident.

Mais l’esthétique est-elle vraiment mon critère clé ? Si je me pousse un peu dans mes retranchements, en fait non. Ce qui compte le plus pour moi aujourd’hui, c’est que la vie continue dans sa biodiversité bariolée et joyeuse, dans le jardin et au-delà.

Du coup, je repose ma question différemment. A qui ai-je envie de donner la priorité en termes de reproduction ? Qui est le plus rare à mes yeux ?

Le constat est clair : cet été le jardin a vu sa population de papillons chuter de 90% : seulement deux « machaons », un « flambé », deux « vulcains », quelques « azurés », quelques « roberts le diable », « citrons », « soucis » … L’an dernier, il y en avait dix fois plus.

Les rares rescapés se jettent sur mes appétissantes capucines pour se nourrir voire (s’ils y arrivent) lancer une nouvelle génération avant l’hivernage. De plus je remarque qu’ils mangent les feuilles et les fleurs mais qu’ils laissent certaines des graines intactes. La super capucine pourra, peut être, elle aussi se reproduire.

Ma curiosité éveillée, et l’œil aiguisé, je me promène dans le potager/ verger (qui a bien souffert de la canicule), et je repère plusieurs autres chenilles gourmandes à l’œuvre, elles aussi, sur mes rares carottes (la chenille verte et orange du machaon photographiée ci dessus), sur le prunier (la chenille du flambé en forme de vague vert tendre), ou sur les dernières poires (quelques poilues chenilles noires de Vulcain)

J’ai la chance de pouvoir partager … alors bon appétit les papillons 🙂

Et vous, quels sont les critères qui sous-tendent, avec plaisir et sérénité, vos petits et grands choix ?